les défrichements       

 

 

 

 L'agriculture. 

 

- Comme la grosse majorité de la population environ les neuf dixièmes, - habitait les campagnes, l’agriculture constituait la principale ressource. Mais, pendant longtemps elle avait été gênée par l'insécurité générale, résultant des invasions et des guerres privées. A partir du XIIe siècle, les conditions devinrent meilleures : Normands et Hongrois avaient cessé leurs ravages et, en France du moins, le pouvoir royal devenait assez fort pour diminuer les causes de désordre. 

 

Les  défrichements sont les progrès les plus spectaculaires réalisés par l'agriculture médiévale ils ont permis de cultiver de vastes étendues gagnées sur les landes et la forêt, mais aussi sur les marécages, les fonds de vallées humides, les bords de mer les polders flamands  .Dans le détail  des régions comme la Champagne ou la France du Nord, elles n'ont pas connu les grands défrichements, étant déjà depuis longtemps entièrement occupées.

 

La création des grands ordres religieux,

  des cisterciens notamment avait beaucoup fait, d'autre part, pour favoriser les défrichements de forêts et de landes, les dessèchements de marais.

Dans ces conditions, les cultures se développèrent. Sans doute les procédés restaient encore rudimentaires, les instruments de travail, - charrues à soc de bois non montées sur roues, étaient médiocres, on ne connaissait pas l'usage des engrais. Mais l'augmentation des surfaces cultivables permit une production plus abondante. Comme on pouvait aussi, grâce aux progrès de la sécurité, se procurer plus facilement les produits des autres régions, on ne s'efforça plus, comme jadis, de cultiver coûte que coûte dans chaque pays toutes les plantes nécessaires à la vie, même si le sol ou le climat s'y prêtaient mal; on préféra se spécialiser dans les produits qui convenaient davantage et qui donnaient un meilleur rendement, quitte à acheter les autres au-dehors. C'est ainsi que la Bourgogne et le Bordelais donnèrent plus d'importance aux vignobles, le Midi aquitain au pastel, dont l'emploi, pour la teinture des étoffes, était alors très répandu. Partout prospérèrent les vieilles cultures alimentaires - blé, seigle, millet, - ou textiles, - lin et chanvre; -l'élevage aussi, surtout celui des porcs, car le droit de glandée assurait aux paysans le libre pâturage de ces animaux dans les forêts. Les progrès furent tels qu'on a pu dire que les campagnards du XIIe siècle, avant les malheurs de la guerre de Cent Ans, ont vécu dans un état de bien-être que leurs descendants ne retrouveront plus de longtemps.

Si les villages se composaient toujours de maisons basses, aux murs de bois et de torchis, aux toits de chaume, le souci de l'hygiène n'y était pas aussi négligé qu'on l'a cru longtemps et qu'il le fut dans les âges suivants : les établissements de bains étaient plus nombreux que maintenant, ainsi que les Maisons-Dieu pour les malades et les hospices pour les voyageurs. Si l'on n'usait de pain blanc que dans les jours solennels pour se contenter à l'ordinaire de pain de seigle, du moins avait-on en abondance de la viande de boucherie et du lard; et les festins, - qui dans les circonstances extraordinaires, lors des noces par exemple, duraient plusieurs jours, - étaient abondamment arrosés de vin, de bière, de cervoise (sorte de bière), ou de cidre. Les dimanches et les nombreuses fêtes dont l'Église ordonnait la sanctification étaient autant d'occasions de repos et de réjouissances- Les femmes ne manquaient. pas de beaux atours : leur coquetterie est même un des motifs dont plaisantaient le plus volontiers les écrivains qui nous ont parlé de la vie campagnarde

 

 

SOURCE:   A . Huby Cours d'histoire Enseignement primaire librairie Delagrave 1938( Collection personnelle) et Françoise Moyen - Encyclopédia Universalis Dictionnaire du Moyen Age -Albin Michel -Bibliothéque Municipale