les communautés rurales
Lorsque
s'affirme, à l'époque moderne la centralisation administrative
devient aussi une communauté fiscale - elle se voit réclamer en bloc le
paiement de la taille royale, et ce sont des élus par la communauté qui en
font la répartition de détail entre tous les membres. A la somme réclamée
par les agents royaux, ils ajoutent
éventuellement une « crue » car c’est la seule source de la
communauté. Certes, elle paie la plupart du temps en nature ses quelques employés
: berger du troupeau commun, «garde-messier»
(moissons) ou maître d'école, mais elle a parfois besoin de numéraire pour
ses dépenses d'entretien chemins
ou église. La communauté villageoise tend, en effet, à se confondre avec la
communauté paroissiale c'est
d'ailleurs dans l'église, ou sous son porche, que se font les «assemblées
d'habitants» annoncées en chaire par le curé et appelées au son de la cloche
; le compte rendu, s'il y a lieu, est rédigé par le greffier ou notaire
seigneurial, espion du seigneur dans ces réunions dont la tenue n'est pas
toujours compatible avec la dignité du lieu. Les séances sont présidées par
un ou plusieurs syndics (ou procureurs), représentants légaux de la communauté,
qui tiennent souvent aussi les charges de marguilliers
ou fabriciens (c'est-à-dire gérants de la communauté proprement paroissiale).
Ces hommes sont généralement parmi les plus aisés du village et conservent
leurs fonctions au sein de leur famille. D'ailleurs, pour avoir valeur, il
suffit que l'assemblée réunisse «la partie la plus saine de la population»,
c'est-à-dire les chefs de famille les plus riches et les plus socialement
stables. Cette restriction dans la composition des assemblées se sent à la
lecture des cahiers de doléances de 1789, rédigés dans le cadre des communautés
villageoises, et qui ne reflètent que rarement les plaintes des plus défavorisés.
Lorsque ces villages devinrent communes, ce furent tout naturellement les mêmes
familles de syndics qui exercèrent les nouvelles fonctions municipales.
FRANÇOISE
MOYEN
Encyclopedia Universalis- Dictionnaire du Moyen-age - Albin Michel -Bibliothéque municipale de Saint Quentin
(page
247)